De douloureuses envies de jardinage...
J'ai des envies de jardinage...
De fortes envies de jardinage depuis deux ans...
De très très fortes envies de jardinage depuis quelques semaines...
Un jardinage particulier...
Qui nécessite un potager cultivé à deux...
Depuis bientôt cinq ans, j'ai trouvé mon co-jardinier...
Mais entre personnes de la même espèce, c'est comme pour les légumes, parfois il faut laisser murir l'un sans que la maturation de l'autre ne se fasse et obtenir alors une plante harmonieuse... Parfois, c'est cahotique la vie des légumes!
Et puis il faut dire que si mon co-jardinier est moins paniqué devant une telle aventure naturelle, si le jardinage est à présent plus désiré pour lui, il nous reste quand même un ennemi de taille...! Le cuivre cohabite mal avec le développement des graines dans le potager!
Mon co-jardinier est d'accord pour dépoluer le terrain et retirer toute trace de cuivre afin que l'on puisse semer nos premières graines...
Mais pas tout de suite, "bientôt" dit-il...
Mais moi et mes envies de jardinage qui datent et bien on n'en peut plus... On ne comprend pas pourquoi attendre... Le co-jardinier répond qu'il faut du temps pour créer de belles plantes, que ce n'est pas encore la saison de démarrer au potager...
Sauf que moi dans tout ça, je craque...
Je réfléchis aux noms que nous donnerons à nos variétés exceptionnelles, quels seront les meilleurs ingrédients à apporter tout au long de leur croissance, comment je pourrais leur préparer un bel écrin sans savoir ce que nous avons semé, comment organiser notre maison quand il faudra récolter les fruits de notre jardinage...
J'envie celles qui exhibent leur grosse citrouille, je redoute les annonces d'autres, je compare ma situation avec celles de ceux chez qui la graine a germé.... Pourtant, au fond, je reste heureuse de leur expérience de potager, mais j'avoue qu'elles font malgré tout mal...
Quand on va dans les librairies, au rayon jardinage, il y a toujours des multitudes d'ouvrages sur le bonheur de jardiner, préparer la récolte, le rôle de chacun des deux jardiniers, bien nourrir ses graines... Mais jamais il n'est question du difficile désir inassouvi de jardinage...
Certains diront que ce n'est pas une maladie, pourtant aujourd'hui il se passe des choses incroyables dans mon potager non démarré... Comme si ma souffrance prenait le pas sur mon corps!
Alors, je sais que "ça va venir"... Le co-jardinier est d'ailleurs bien plus présent et rassurant qu'il ne l'a été dans mes moments d'effondrements... mais autant dire que depuis deux ans, je ne peux plus entendre cette ritournelle...
Alors on fait quoi? On avance comment?
On avance avec la connaissance de cette souffrance intime, on s'occupe du potager des autres, de leurs légumes arrivés à maturation, on leur coud de jolis écrins, on essaie de se préserver un peu...
Ca c'est quand ce n'est pas trop difficile, quand le recul est un peu possible... Le reste du temps, on se crée des maux de potagère, on pleure, on pense trente mille fois par jour à un truc en rapport avec le futur légume, on s'en veut d'envier le bonheur des autres...
Mais on se demande toujours Pourquoi? Quand?
...
(Une très grande pensée pour une apprentie potagère qui se reconnaitra...)